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Dury







Le temps passé


DURY

Par Ch. Poette. Ecrit en 1890. Extraits

Dury est un petit village sur la rive droite de la Somme. Ses maisons manquent un peu de cohésion. celles de la rue d'Elva, qui est la rue principale, sont un peu plus agglomérées. Mais il y a encore trop de places vides. ce n'est plus la rue remplie d'habitations d'il y a soixante ans. A l'époque où la population de DURY s'élevait à plus de 600 habitants et où l'on voyait dans le village, trois fabriques de sucre en pleine activité.

D'après le recensement de 1891, ELVA, dont le nom rappelle celui d'un hameau qui faisait partie de DURY, compte124 habitants. La population du chef-lieu de la commune, réunie à celle d'Elva, et de quelques autre habitations isolées, forme un total de 357 habitants. En 1825, la rue d'Elva comptait 50 feux, soit 200 habitants environ.

Cette rue est parallèle aux marais de la Somme, dont elle n'est séparée que par quelques centaines de mètres. En passant dans cette rue pour aller à DURY, on voit les marais et les étangs qui appartiennent à la commune.
Ces étangs ne sont plus aussi poissonneux qu'autrefois. On y trouve toujours, cependant , des brochets, des anguilles, tous les poissons qui vivent dans les eaux de la Somme, et c'est au manque de curage qu'on attribue le dépeuplement de la rivière, des étangs et des divers cours d'eau de la vallée.

Suivant quelques étymologistes, DURY devraiy son nom à la nature du terrain sur lequel il est construit. On y trouve, il est vrai, la craie jaune en certains endroits, notamment du côté de la Somme ; mais cette craie se trouve également du côté d'Artemps, de Saint-Simon, de Tugny, de Pithon, de Ham, etc... Cette roche au calcaire jaune apparaît très distinctement près de la Somme, à droite du vieux chemin autrefois bordé de maisons qui conduit à Dury en passant au pied de " La Se,tinelle " , le vieil orme qui s'élève depuis plus de trois siècles à la convergence de ce chemin et de celui qui conduit à Bray Saint-Christophe.
Est-ce cette roche qui a fait donner au village qui s'élève au dessu de la rue d'Elva le nom de DURY ? C'est l'opinion que paraît avoir adopté M. Bons, l'auteur du livre inachevé : le Mémorial saint-quentinois. Mais il est probable que M. Bons se trompe, et que Dury, dont l'origine remonte très probablement à une époque antérieure à l'occupation romaine, doit son nom à l'établissment de quelque métairie gauloise contemporaine, comme celles autour desquelles se sont formés les villages d'AUBIGNY, de BRAY, de TUGNY, d'OLLEZY, de CUGNY, d'ESTOUILLY, etc...,etc...

Dury est très ancien. Il est question dans des documents du dixième siècle, et notamment dans une charte de l'année 978. A cette époque, DURY devait être un domaine royal comme TUGNY et quelques autres localités des environs de Saint-Quentin et de Ham.
br> Si les bandes armées ont souvent saccagés le villages et fait disparaître les chaumières, ce village a eu aussi ses jours de prospérité. Le terroir est composé de terres de bonne qualité. Les récoltes y croissent très volontiers. On y cultive le blé, le seigle, l'orge, l'avoine, les fourrages ordinaires et la betterave. Jadis, ses étangs fournissaient aux habitants du poisson en abondance. On y récoltait , comme aujourd'hui encore du reste, de la tourbe à peu près en aussi grande quantité que dans les marais d'Annois, d'Ollezy et de Cugny. C'est à Dury et à Tugny qu'ont ét constuites , vers 1825 , les premières fabriques de sucre de nos environs. On voit encore aujourd'hui, près de la belle propriété de MMe Delvignen l'emplacement d'une de ces fabriques.


La petite et modeste église de DURY n'est pas le moins intéressante de nos contrées. elle s'élève au nord du Villagen sur le bors d'une rue qui conduit à Pithon d'un côité et de l'autre à Aubigny. Elle est au milieu du cimetière, un lieu de repos rempli pendant les jours de l'éta d'une herbe épaisse qui dérobe à la vue, les tombes de ceux dont aucun monument, aucune croix de fer ou de bois, n'indiquent la palce où ils reposent.
L'entrée principale de l'église, ou plutôt du portail, vous arrête aussitôt. On trouve là, en effet, un spécimen bien conservé de style de nos plus vieilles églises, le style roman, avec ses porches ornés de petites colonnettes engagées, surmontées de chapiteaux sculptés et couronnés par une arcade en plein-cintre avec l'archivolte qui caractérise, dans nos contrées, les édifices religieux des onzièemes; douzième ey treizième siècles.
Le pignon ou prtail, est construit avec de petites pierres taillés en forme de pavés, et quelques briques sur les côtés. Le soubassement est en grès. Au dessus du porche, dans le milieu pignon, on voit un oculus ou rosace simple de grande dimension. Le sommet du pignon est couronné d'une croix en pierre. L'entrée principale est toujours fermée et l'on entre dans l'église par une petite porte comme celle que l'on voit dans les murs de presque toutes nos vieilles églises de village.
De gros piliers cylindriques et de peu d'élévation, deux mètres environ, indiquent que l'église est très ancienne; du reste le sanctuaire témoigne dvantage encore de l'antiquité de l'édifice.Les murs sont épais, la voûte est basse, les ouvertures, au nombre de trois, sont très petites et forment des espèces de baies profondes ouvertes près de la voûte. dans le bas du mur qui entoure l'autel, on voit de petites colonnettes avec chapiteaux pareils à ceux du portail. Il ya douze niches, et l'on croit dans le pays, qu'on y voyait anciennement les statues des douze apôtres.

Les arcatures du sanctuaire ont environ un mètre de hauteur. De chaque côté , deux grandes arcades, reposant sur des colonnes et sur les massifs piliers cylindriques semblent indiquer s'on avait pu primitivement l'intention de donner aux petits transepts où se trouvent l'autel de la Vierge et celui de Saint-Nicholas, un développement plus important que celui qui fait face à ces bas-côtés. .

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